Je suis nous

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Chacun chez soi, chacun pour soi, chacun l’accepte pour le bien du nous. Etonnant comme ce peuple réputé indiscipliné obéit comme un seul être à la violente injonction : abandonnez votre liberté ! Les rues se vident, les routes se taisent, les commerces ferment leurs rideaux et voilà que pour sortir chaque individu doit se justifier. En 1921, les premières cartes d’identité ont beaucoup de mal à être acceptées. Nous français considérions comme offensant de devoir, comme seuls les criminels alors en avaient l’obligation, prouver à chaque instant qui nous étions. Aujourd’hui, dès notre naissance chaque français est identifié par un document officiel. Et cette pandémie nous fait passer à une autre étape : chacun de nos déplacements s’accompagne des documents qui, selon l’administration, disent qui nous sommes, auxquels s’ajoute celui qui dit où nous allons. Etrange et fascinant comme il est si simple de mettre en place la surveillance de chacun et la coopération de l’ensemble dans la mise en place de celle-ci.

Ce changement radical, cette privation inédite de nos libertés individuelles imposées et acceptées par tous, soudainement, ne nous a pas laissé le temps de penser. Nous sommes maintenant dans l’observation de ses conséquences. Qu’est-ce que cela me fait à moi humain d’être confiné dans mon logement ? Comment je me sens face à ce changement radical de mon quotidien ? Comment puis-je utiliser cette expérience inédite pour apporter des changements positifs dans ma vie personnelle et professionnelle ? Je me suis certainement senti déstabilisé par ce confinement, quelles émotions m’a apporté cette déstabilisation et que puis-je apprendre de ces émotions ? Autant de questions et bien d’autres sur lesquelles chacun d’entre nous peut décider de prendre le temps de réfléchir. Après avoir subi, et si nous prenions le temps de sentir, de réfléchir, de prendre soin de nous, de nos proches ?

Prendre soin de nous et retrouver la liberté, penser cette liberté nous est possible. Nous avons accepté de l’abandonner pour le bien collectif, il est donc certain que nous avons une profonde bienveillance collective. A nous maintenant d’utiliser cette bienveillance collective pour mettre en place un vivre ensemble collectivement agréable. J’ai accepté d’abandonner totalement ma liberté pendant quelque temps pour la santé de tous, serais-je capable d’abandonner une petite partie de cette liberté pour, à long terme, la pérennité de l’humanité ? Serait-ce pensable pour moi de ne consommer qu’une fois par semaine la chair d’un être mort ? Manger des fruits et légumes de saison produits localement et biologiquement, abandonner les produits alimentaires ultra-transformés me semble-t-il à ma portée ? M’est-il possible, avant d’acheter un objet, de m’assurer de la façon dont celui-ci a été fabriqué et par qui ? Suis-je capable de m’émerveiller de ce qui m’entoure avant d’aller chercher l’exotique à l’autre bout du monde ? Et si mes héros devenaient ceux qui brillent par leur actions généreuses, humaines, altruistes plutôt que ceux qui brillent par leurs pouvoirs, leurs possessions, leurs milliards ? Et si cette maladie inédite me permettait de penser le nous de manière inédite ?

Céline Kravtchenko

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2 Commentaire pour “Je suis nous

  1. Merci Céline pour ce joli partage et cette proposition de questionnement. Cela me parait en effet une belle voie. Puissions nous tous être heureux, libres et en harmonie avec la nature et vivre pleinement notre nature d’humanité bienveillante.

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