Le Voice Dialogue : prendre confiance avec l’ego conscient

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D’inspiration jungienne, le Voice Dialogue, né dans les années 1972, vient de la psychologie des subpersonnalités et de l’ego conscient. Il utilise la connaissance des lois énergétiques pour instaurer un dialogue avec les différentes parties de nous-mêmes appelées subpersonnalités (facettes, voix, « moi », « je »…), dans le but de créer des possibilités de choix conscients.

Hal et Sidra Stone, tous deux docteurs en psychologie et psychothérapeutes américains se sont rencontrés, aimés… puis engueulés. Surpris mais pas anéantis par leurs conflits, ils ont décidé d’utiliser ce qui surgissait dans leur relation pour créer le Voice Dialogue. Une méthode qui part de l’idée que nous avons tous grandi en valorisant des énergies qui sont devenues dominantes et automatiques, tout en en reniant d’autres qui sont nos richesses inexploitées (nos « ombres »). C’est cette « autre » nature, cet héritage perdu, que le Voice Dialogue cherche à restaurer.

Développer une personnalité pour se protéger

Pour comprendre cet « outil » thérapeutique, il faut partir de l’origine de nos blessures. Pour grandir, un enfant a besoin de pain et d’amour. Dans un monde idéal où il reçoit les deux, le petit enfant, très « vulnérable », demande et ses parents répondent, lui donnant petit à petit du « pouvoir » (pour « être dans son pouvoir »). Et sa vie s’ordonne et se construit autour d’une danse où il peut contacter l’un et l’autre, vulnérabilité et pouvoir. Hélas, le monde n’est pas idéal et nos parents portaient leurs propres blessures. Au sein d’une famille dysfonctionnelle, l’amour peut donc être perverti par des actes malveillants (souvent en lien avec la violence et le sexe). Dès lors, l’enfant fait l’expérience de la dualité et développe des traits de caractère pour se protéger du mal-amour. Et ces derniers vont si bien le protéger qu’ils vont « enterrer » sa vulnérabilité et densifier un autre pouvoir (celui de « être dans le pouvoir »), défensif, réactif et agressif. A 1 an, 2 ans, 3 ans … avec ce papa-là, cette maman-là, cet environnement affectif, l’enfant ne pouvait pas devenir autre chose que ce qu’il est devenu. Mais à 20 ans comme à 80, cet enfant qui porte les blessures est toujours là, au cœur de l’adulte,. En tant que structure psychique ! Le Voice dialogue le nomme Enfant Intérieur, vivant (et hurlant) au cœur de chacun de nous.

Enfant blessé, divisé, amputé ! En effet, alors qu’éduquer un enfant est vu, socialement, comme une opération « additive » consistant à lui inculquer un ensemble de valeurs, la toute petite enfance procède davantage en mode « soustractif » en coupant l’enfant d’un ensemble de valeurs pré-existantes en potentiel à sa naissance. Prenons l’exemple d’un couple très introverti, l’enfant comprend vite que le bruit et l’expression des émotions sont mal vus. Pour se faire aimer, il peut très bien s’amputer de cette énergie. De façon plus globale, comme ses parents ne lui enseigne pas à « être tout » sur l’axe de polarités opposées, il va « dualiser » le monde et ses qualités en subpersonnalités primaires et reniées. Il va s’identifier aux premières et rejeter les autres. Si l’on prend l’exemple de Pierre qui est devenu généreux, intellectuel et travailleur, il a laissé dans l’ombre ses côtés avare, sensuel et relax. Ce faisant, à l’âge adulte, il sera parfois amené à juger chez les autres ce qu’il ne veut pas voir (qu’il ne laisse pas exister) chez lui.

Parallèlement, parce que ses parents jugeaient les autres, ils le jugeront lui-même et glisseront dans sa psyché un ensemble de petites phrases qui deviendront les croyances négatives qu’il aura sur lui. Par exemple : « je suis nul », « le sexe est sale », « je ne mérite pas d’être aimé ». Autant de messages qui ne donnent pas confiance à l’adulte qui va vers le monde avec ces idées qu’il a de lui et qu’il fait passer aux autres… inconsciemment ! Car si Pierre porte la croyance « je ne mérite pas d’être aimé », il viendra en thérapie avec la souffrance de ne choisir que des femmes qui ne l’aiment pas.

Le manque de confiance est là, dans la répétition des schémas de vie insatisfaisants, dans la perception que nous obéissons à des injonctions familiales en adoptant de véritables stratégies d’échec.

De l’ego fonctionnel à l’ego conscient

Dans une séance de Voice Dialogue, nous accueillons la personne (restons avec Pierre) dans une posture dite d’ego fonctionnel. Fonctionnel parce que Pierre « fonctionne », il vit. Mal sans doute, mais son ego lui permet d’être et de faire. Pierre est assis dans le fauteuil et parle de ce qui le préoccupe, de son vécu et de ses réactions. Le « facilitateur » va demander à Pierre de se déplacer et de choisir dans la salle un lieu et une attitude où il va laisser vivre et s’épanouir l’énergie (la subpersonnalité) qu’il vient de nommer en séance. Le facilitateur va questionner cette subpersonnalité, comme étant une partie de Pierre. Il va demander qui elle est, en prenant la précaution de la désidentifier de Pierre. Il dira par exemple « Pierre vient de nous dire que… Qu’en pensez-vous ? » Il va être curieux de savoir si elle existe dans la vie de Pierre depuis longtemps et comment elle s’est manifestée dans le passé. Il étire cette énergie pour la faire exister pleinement avec toute sa puissance émotionnelle. Le facilitateur peut alors déceler une émotion, un ton de voix, témoin d’un changement d’énergie et de l’apparition d’une nouvelle subpersonnalité. Il demande à Pierre de passer par la case « fauteuil » puis de se déplacer vers un lieu et d’incarner cette nouvelle énergie. Le facilitateur essaiera de voir « qui est là », qui parle.

Au cours d’une séance, plusieurs subpersonnalités peuvent apparaître que Pierre reconnaît être des parties de lui, des archétypes ou plus simplement des qualités humaines. Cela peut être le Bon Père, le Contrôleur, le Gentil, le Rationnel, le Patriarche, le Timide, l’Actif…

Que faire de tout cela ? En Voice dialogue, le facilitateur regarde ce qui est positif dans chaque voix qui s’exprime, il accepte, honore, respecte, toutes les subpersonnalités qui apparaissent. Il reconnaît par là que toutes ont (ou avaient) leur importance. Les parties primaires qui constituent les points forts de la personnalité pèsent sans doute « trop » et les parties reniées ne pèsent « pas assez ». Son propos est d’amener la personne à constater de quoi il est fait. De lui montrer qui s’exprime en lui en période de crise, de le faire passer en fin de séance d’une posture d’ego fonctionnel (quand il arrive) à celle d’ego conscient. L’ego conscient est important, puisqu’on dit que le Voice Dialogue, c’est la psychologie de l’ego conscient. C’est celui qui tient en tension les opposés. Celui qui se sépare des parties primaires, maintient une bonne relation avec elles, et embrasse les parties reniées.

En fin de séance, le facilitateur demande à Pierre de se mettre à ses côtés et de regarder le « spectacle » du travail de sa séance, de voir les chaises ou les zafus, qui ont hébergé les subpersonnalités qui sont apparues. Et le facilitateur résume chaque étape, évoque chacune des subpersonnalités, au travers d’une « vision lucide ». Petit à petit, Pierre perçoit comment et pourquoi il est devenu généreux, intellectuel et travailleur, et pourquoi il a laissé dans l’ombre ses côtés avare, sensuel et relax. Il percevra l’importance pour lui de retrouver cet héritage perdu.

Pourquoi dit-on que le Voice dialogue génère une plus grande confiance en soi ? D’abord parce qu’il situe clairement l’individu au sein de ses relations et que la relation personnelle y est perçue comme un chemin spirituel. Ce que Pierre juge chez l’autre, c’est son « moi » renié. Dans la relation à l’autre, toutes ses parties reniées reviennent le hanter. L’autre, en face de lui, conjoint, enfant, patron, est constamment en train de refléter sa partie manquante. Pierre sait mieux sur quoi travailler, il voit plus clair. Il comprend mieux, qu’avec ses blessures, ses croyances, avec les parties primaires de sa personnalité, il était invité à rencontrer Agnès qui lui ressert chaque jour qu’il n’est pas assez  » avare, sensuel et relax ». Il comprend mieux qu’ils se sont rencontrés de « blessure à blessure ». Il prend confiance car il respecte chacune des énergies qui le compose.

Jean-Yves CATHERIN

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